Il y a plusieurs modèles de raquettes, dépendamment de la qualité de la neige et des régions habitées. On retrouve plusieurs variantes chez une même nation.
Uikutshieu asham [innu]
À l'automne et au printemps, lorsqu’il y a des plaques de terre au sol, on utilise des raquettes tressées en fil à pêche. Elles sont beaucoup plus simples à réparer, le matériel étant plus souple que la raquette en babiche. La forme est celle de la patte d'ours, c'était la raquette de survie.
Mashk asham [innu] – La patte d’ours
La patte d’ours était celle que les Innus utilisaient pour travailler. La largeur est variable dépendamment de l’environnement, celles qui sont moins larges proviennent des Innus en bordure du fleuve Saint-Laurent, car la forêt est plus dense à cet endroit et elles sont plus pratiques pour passer entre les arbres.
La patte d’ours était aussi la forme de raquette pour les enfants, parce qu’ils grandissent rapidement, celle-ci était la plus simple à fabriquer.
Queue de castor
La forme des raquettes est faite pour celui qui marche. Ces raquettes portent mieux sur la neige que tout autre type de raquettes. Sa forme favorise la stabilité et empêche le retour de neige à l'arrière de la jambe.
Dans le bois, quand un orignal ou un gros gibier était tué, les chasseurs retournaient au camp chercher les raquettes de ce type parce qu’elles pouvaient supporter plus de poids.
Les pointes recourbées
Les raquettes à pointes recourbées étaient réservées pour les voyages, il est possible de courir avec ces raquettes, elles sont plus longues et plus légères que les autres.
Raquette huronne
Celle qu’on appelle aussi raquette commune était utilisée au quotidien, pour la chasse, la trappe et les activités autour de la tente.
1. Uikutshieu asham – Raquette intermédiaire
Alexandre Pinette, Innu
Bois, fil de nylon, babiche, laine
Archives de La Boîte Rouge vif, 2005
2. Raquette temporaire
Alexandre Pinette, Innu
Bois, corde de nylon
Archives de La Boîte Rouge vif, 2005
3. La raquette « commune »
Mina Pissinicouane
Eeyou, Chisasibi
Épinette blanche, babiche
Les Musées de la civilisation, 66-462
4. Mashk asham – La patte d’ours
Innu
Côte Nord
Bois, babiche
Les Musées de la civilisation, restauration effectuée par le
Centre de conservation du Québec, 68-3075
Photographie : Jessy Bernier – Perspective
5. Les pointes recourbées
Georges Pepabano
Eeyou. Chisasibi
Bouleau, peinture, fibre, laine
Les Musées de la civilisation, 75-987
6. La « queue de castor »
Johnny et Emma Shecapio
Eeyou, Mistissini
Bois, fibre, laine, babiche
Les Musées de la civilisation, 83-2235
Photographie : Jessy Bernier – Perspective
Les motifs dans le tressage des raquettes sont différents d'une communauté à une autre. Pour les Innus de Uashat mak Mani-Utenam, il y a quatre types de motifs, ils expriment le lien à la terre. Ces dessins n’ont pas toujours été rouges : avant la peinture, ils étaient seulement apparents dans le tressage.
Il y a aussi les pompons sur les fûts de raquettes qui sont différents d'une famille à une autre; le nombre et la disposition de ceux-ci laissent des traces reconnaissables sur la neige. Ces boules de laine servent aussi à protéger les lanières de babiche qui passent sur le fût pour éviter qu’elles s’usent au contact de la glace.
1. Raquette à neige
Innu, Côte Nord
Bois, babiche
Les Musées de la civilisation, restauration effectuée par le
Centre de conservation du Québec, 68-3075
Photographie : Jessy Bernier – Perspective
2. Raquette à neige
Georges Pepabano
Eeyou, Chisasibi
Bouleau, peinture, fibre, laine
Les Musées de la civilisation, 75-987
Photographie : Jessy Bernier – Perspective
3. Raquette à neige
Johnny et Emma Shecapio
Eeyou, Mistissini
Bois, fibre, laine, babiche
Les Musées de la civilisation, 83-2235
Photographie : Jessy Bernier – Perspective
Nous pouvons différencier les familles et les clans à partir de leurs raquettes.
Les quatre sortes les plus utilisées : la patte d’ours, pour les travaux à l’extérieur, les enfants et les urgences; la raquette commune, aussi appelée la raquette huronne, pour les activités quotidiennes; la queue de castor pour le transport des gros gibiers; la raquette recourbée pour les longs voyages.
Afin de demander la protection des esprits pour ne pas nous perdre, pour rentrer sain et sauf au campement, nous devrions sortir du tipi en nous assurant qu’une raquette pointe vers l’est et l’autre vers l’ouest.
Les aînés chantent en fabriquant les raquettes pour bénéficier de l’assistance des esprits. Les femmes aident leur mari et font le tressage.
Les motifs sont également très importants : ils démontrent notre respect envers les esprits.
On base les activités traditionnelles sur les six saisons. Les activités faisant usage des raquettes sont principalement dans les deux premières saisons. En septembre et octobre, les Eeyou (Cris) se rendent à leurs lignes de trappe respectives et chassent l’orignal, l’ours et le petit gibier. Les femmes préparent le tannage de la peau d’orignal. La peau sera ensuite trempée dans l’eau à maintes reprises afin de produire la babiche pour tresser les raquettes. La seconde saison est en novembre et décembre. Les chasseurs font alors les outils traditionnels pour la trappe en attendant que les rivières et les lacs gèlent pour retourner à la chasse. À ce moment, ils fabriquent également les raquettes pour leur famille.
Les aînés comparent leurs raquettes à des plumes parce qu’ils ont l’impression qu’elles leur permettent de flotter au-dessus de la neige.
La cérémonie des premiers pas avec les raquettes valorise les enfants.
Illustrations : Tim Whiskeychan, Eeyou (Cris)
« La fabrication de mocassins, de canots, de raquettes, ça ne date pas d’hier. Au milieu du 19e siècle, nous avions une économie florissante au niveau de l’artisanat. Nous faisions des raquettes pour l’armée britannique en garnison. Toute l’activité économique à Wendake gravitait autour de notre identité autochtone. »
Jocelyn Paul, Huron-Wendat
Plusieurs ont souvenir de la vie sur la réserve avec les industries traditionnelles : « Les ateliers de fabrique de raquettes ou de canots dans les cours des maisons, on voyait toujours quelqu’un qui travaillait sur la rue » ; « J’ai le souvenir olfactif de quand ils faisaient sécher les raquettes sur le toit des maisons. Ça sentait la babiche. »
Concertation 2006, Huron-Wendat
Aujourd’hui à Wendake, la tradition du commerce et du savoir-faire se poursuit. Des entreprises produisent et vendent encore un grand nombre de raquettes, allant de celles en bois et en babiche à celles en aluminium et en matériaux synthétiques.
Fabricants de raquettes dans l’atelier de Bastien Frères, au Village huron (Wendake),
paru dans Sélection du Reader’s Digest en novembre 1953.
Photographie : David Forbert