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Ce qu'on en dit

Les preuves scientifiques

Une équipe de recherche des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) sur les médecines autochtones antidiabétiques travaille en collaboration avec la nation Eeyou (Cris) au nord du Québec depuis plusieurs années. Sachant que le diabète est une maladie très répandue chez les groupes autochtones et que des plantes médicinales sont depuis des centaines d’années utilisées par les guérisseurs autochtones, l’équipe procède à de laborieuses recherches espérant mettre au point des médicaments appropriés mariant ainsi les savoirs traditionnels des autochtones et la médecine moderne. Pour ce faire, l’équipe, composée de chercheurs provenant de divers domaines scientifiques relatifs à la santé, à la biologie et à la botanique, collabore avec des connaisseurs et des intervenants de la nation Eeyou.

En 2013, les résultats de recherches présentés par M. Alain Cuerrier, Ph. D., botaniste taxonomiste associé à l’Université de Montréal et chercheur à l’Institut de recherche en biologie végétale (IRBV) du Jardin botanique de Montréal, ainsi que par M. Pierre S. Haddad, chercheur, pharmacologue et professeur à l’Université de Montréal, ont démontré des avancées importantes dans le domaine.

Il faut savoir qu’un médicament moderne sur cinq est fabriqué à partir de molécules provenant des plantes, souvent déjà utilisées dans les médecines traditionnelles. Plusieurs plantes utilisées par les Eeyou ont alors été étudiées pour leurs effets potentiels dans le traitement du diabète. Parmi les six plantes qui ont obtenu les meilleurs résultats au cours des recherches, quatre d’entre elles étaient aussi les plantes reconnues par les connaisseurs Eeyou comme étant les plus performantes. Ils connaissent également les interactions et les contre-indications.

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1. Vaccinium vitis-idaea
Photographie : Alain Cuerrier

2. Sarracénie pourpre
Photographie : Alain Cuerrier

3. Thé du Labrador
Photographie : Alain Cuerrier

4. Louise, Jason, Alain et Charlie dans le cadre des travaux de recherche
Photographie : Charles Leduc

5. Retraite annuelle de l’équipe à Mistissini en 2010
Photographie : Alain Cuerrier

6. Tableau résumé des tests en laboratoire
Tableau résumant les résultats des différents tests faits en laboratoire afin de connaître les propriétés antidiabétiques des dix-sept plantes mentionnées par les Eeyou (Cris) lors d’interviews. Le tableau montre les résultats positifs , négatifs , inconnus dans certains cas (?) des six plantes les plus prometteuses. Celles-ci sont triées selon le nombre d’émoticônes accordés par les bioessais. Les bioessais in vivo (avec des animaux modèles) reçoivent une plus grande importance que ceux in vitro (avec lignées cellulaires). Le rang accordé par les Aînés cris provient de discussions faites en groupe. Il appert que les savoirs traditionnel et scientifique se rejoignent. Le savoir traditionnel et la médecine traditionnelle qui en découle n’est pas aléatoire et le travail du groupe de recherche vient soutenir la sagesse et la connaissance acquises depuis des centaines d’années.
(Alain Cuerrier)

Quoi transmettre et ne pas transmettre

De moins en moins de personnes connaissent la médecine traditionnelle. Il y a beaucoup d’inquiétudes à ce propos et tous sont d’avis qu’il ne faut pas que ces connaissances soient perdues. Mais il ne faut pas non plus que les Premières Nations et les Inuits en soient dépossédés ou encore que ces connaissances soient utilisées à des fins lucratives, car cela va à l’encontre des principes de guérison des autochtones. De mauvaises expériences vécues dans le passé nourrissent ces craintes.

« Une fois, une femme de la nation a donné une entrevue à Radio-Canada sur les plantes médicinales. Des gens qui ont vu le reportage sont venus impunément tout arracher. La femme a cessé sur le champ [de parler des plantes] lorsqu’elle a constaté que le fait de partager ces informations, sans transmettre la vision amérindienne de la gestion et du respect des ressources, conduisait à leur pillage. »
Akienda Lainé, Huron-Wendat